jeudi 22 octobre 2009

Nécrologie

Les 5 salopards ont l’immense tristesse de vous faire part de la disparition de Jean-Maurice Divan, mieux connu sous le pseudonyme de Deaven sur le forum du Club Poker. Deaven était un salopard historique puisqu’il avait contribué à la fondation du mouvement voilà maintenant plusieurs mois.

Ses travaux dans les domaines du troll et du flood faisaient autorité et avaient donné lieu à de nombreuses publications. Après Raziel, c’est donc une autre figure reconnue d’un humour pathétique et finalement peu drôle qui nous quitte brutalement et de façon inattendue (surtout pour lui).

Cette disparition tragique et soudaine cause bien entendu un grand vide parmi les 5 salopards qui, le destin se voulant parfois ironique, se retrouvent aujourd’hui 5.

Tous ceux qui connaissaient personnellement notre regretté Deaven pourront lui rendre un ultime hommage ici-même. Depuis l’endroit où il se trouve aujourd’hui, il se penchera assurément sur vos messages de sympathie.

Son blog

Son 3 000 ème post

mercredi 21 octobre 2009

Marrakech Chronicles (3): Portraits

Choan : Je ne vais pas trop m’étendre sur lui parce que tout a plus ou moins déjà été dit dans mon billet précédent et qu’il a déjà pris cher. Un gars super sympa, qui m’a bien fait marrer et avec lequel on a prévu de retourner ensemble à Santa Monica un de ces jours (balla).

Ari Gold : A un petit côté Iznogoud (plutôt moralement que physiquement, quoique...) qui donnerait l'impression qu'il veut être balla à la place des ballas. Toujours occupé à s’affairer, organiser des trucs, acheter de l'alcool obv. Je suis surtout impressionné par sa capacité à fédérer des votes sur sa personne quand c’est nécessaire. On raconte que c’est l’activation de ses réseaux msn et facebook qui aurait fait basculer la dernière élection présidentielle.

Antho BB : Très sympa pour un dealer. J’ai longtemps pensé que c’était un con sur le forum et j’ai découvert à Marrakech un type génial que j’espère revoir (c’est marrant à quel point tout dans cette phrase pourrait être inversé en parlant de StarSky).

Nori : Comment ne pas admirer un gars qui devient sponso par Partouche alors que son registre, sur le forum comme dans la vie, est principalement consacré à la scatophilie ? S’est logiquement illustré sur place par des arrachages de poil de cul en direct et des distributions de cannettes de pisse.

Nivek : Très sympa manifestement. Dommage qu’il soit arrivé le dernier et reparti le premier.

ArtPlay : Un scoop: il est plutôt marrant en vrai. Comme Choan, un des gars avec lesquels j’ai passé le plus de temps. Ceci dit c’était quand même rigolo de voir sa tête lors de la première soirée quand il s’est rendu compte que les gens ne parlaient pas de poker et ne décryptaient pas de hand histories : je crois n’avoir jamais vu quelqu’un d’aussi désemparé.

2Pac68 : La tête de Wanderlei Silva sur le corps et la dégaine de Turtle (pour les fans de la série Entourage). En dehors de son accent de rappeur du Haut-Rhin, il est tout à fait conforme à son image sur le forum : un gars très sympa et souriant et qui ne s’énerve que quand c’est justifié.

DeeDeepha : Forcément un peu plus effacé dans la vie de groupe dans la mesure où il était venu en couple. Encore une fois quelqu’un de sympa, tout comme sa compagne. Un joueur solide également.

Jeeby : le flegme belge. Un gars tranquille.

Aa22zz : Le seul (avec Gloub) que je pense n’avoir jamais croisé.

XmoussX : Brag permanent. Vous saviez notamment qu’il avait été champion du monde ? Et saviez-vous qu’il était passé à Club Poker Radio ? Et qu’il a déjà planifié son prochain passage ? Que dire d’autre si ce n’est qu’il devient hystérique quand on parle de ses cheveux. Il restera pour moi immortalisé par cette phrase qui le représente bien : « Oh les gars, personne touche à mes cheveux ! Celui qui y touche je pourrais très bien le tuer ! Non mais vous savez combien j’ai emballé de gonzesses grâce à mes cheveux ?!! ».

Cette dernière remarque m'inspire d'ailleurs une rapide analyse sociologique que certains partageront peut-être. Pour ceux qui ne connaissent que peu l'univers du metal, disons pour résumer qu’il existe deux types d’amateurs :
- ceux qui sont simplement passionnés par la musique. Ce sont évidemment les plus nombreux.
- ceux qui ont mal vécu leur physique difficile à l’époque du lycée et qui ont désespérément cherché une niche où leur apparence un peu ingrate ne serait pas un obstacle au développement de relations amoureuses. Ces niches sont nombreuses (voir l’épisode de Big Bang Theory où Raj et Wolowitz se rendent successivement dans une soirée gothique puis une fête country), mais l’univers du metal est de loin le plus accueillant pour les jeunes en mal de sensations horizontales. En effet, il suffit de se laisser irrémédiablement pousser une tignasse grasse et mal coiffée pour que les représentantes de la gente féminine daignent vous accorder un peu d’intérêt. S’adonner aux joies d’une hygiène douteuse est naturellement un plus.

Big Blindé : Atteint d’une forme très spécifique du syndrome de Tourette qui le conduit en permanence à inviter tout le monde à Malte. Un tempérament fort (j'aime), un gars très sympa. N’a toujours pas digéré de s’être fait sortir par mon 7-2 offsuit.

Leadan : Parle beaucoup trop vite pour qu’on comprenne un seul mot. En dehors de ce détail il semble cool.

Tinken : se prononce Tainquand (étonnant, non ?)

Jarkeld : de par son statut de seule fille, source inépuisable de blagues potaches et gags en tous genres. Comme sur le forum finalement.

Tilou : Involontaire père spirituel du clan des 4fun. Aussi cool dans la vie qu’on peut l’imaginer sur le forum. Sévèrement bashé par Seven après que ce dernier l’ait sorti d’un satellite « en allant chercher le coin flip avec J-2o » (à moins d’avoir 2h devant vous, n’essayez pas de faire comprendre à Seven que les coin flips avec J-2 n’existent pas).

Kintaro : Je ne me souviens plus trop mais je crois qu’il avait l’air sympa.

Kaizer : Un OVNI, une pile électrique. Passe 50% de son temps à chanter et 50% à chercher une connerie à faire. Un autre gars super.

Seven : Il y aurait tellement de choses à dire…Complètement à l’ouest au premier abord, complètement à l’ouest au deuxième abord. En creusant un peu on peut se surprendre à éprouver de la sympathie pour lui malgré un humour très rarement efficace et une immaturité flagrante. Priceless ses fuites à répétition dans sa chambre dès qu’il était mis en difficulté, filmé ou que sa mèche était verbalement menacée. Priceless également ses violentes réactions épidermiques quand quelqu’un s’approchait de lui à moins de 30 cms, le meilleur exemple étant celui de la lampe de l’hôtel qu’il a dans un premier temps cassée avant de manquer de provoquer, au choix, un incendie ou une électrocution en essayant de la réparer.

Stefal : Doyen du groupe, lui aussi venu en couple. Un vrai passionné.

Tiwaz : Un peu de classe et de sobriété dans ce monde de degens.

Nlegend : Auteuil Neuilly Passy, c’est pas du gâteau, Auteuil Neuilly Passy, tel est notre ghetto.

Rirou : Membre de la bande à Gloub. Même prédisposition que 2pac68 à avoir toujours un mot gentil.

MyTears: sac à merde

Olbatar: Pipelette créative.

Opus: Vendrait père et mère pour devenir salopard. Dans ces conditions, passer l’épreuve du foutre* n’était pas un obstacle pour lui.

* L’épreuve du foutre consiste simplement à se masturber (idéalement après avoir quitté temporairement la pièce) dans un délai donné (en l’occurrence 8 minutes je crois) et à amener comme preuve la sainte semence produite. Cette épreuve puérile et dégradante peut apparaître drôle à certains énergumènes à 3 moments distincts :
- quand opus hésite pendant une minute et part finalement en courant chercher un endroit tranquille et un petit bocal.
- quand éventuellement des individus extérieurs cherchent à le déstabiliser alors qu’il s’acquitte de sa tâche.
- quand il revient avec son mouchoir humide pour nous le présenter, à la fois fier et honteux, et fait tout pour éviter que l’instant soit immortalisé en photo (ce qui aurait d’ailleurs pu valoir le Pulitzer).

matthieup: Style de jeu extrêmement personnel qui lui vaut d’être massivement décrié sur le forum malgré les meilleurs résultats obtenus sur place. M’a semblé sympa au demeurant, notamment par son autodérision. Je me souviens d’un moment particulier à table le dernier soir quand Seven s’est senti inspiré par son physique imposant pour sortir une « vanne de gros » totalement déplacée, inappropriée et accessoirement pas drôle. Seven s’est alors outrancièrement marré alors que de nombreux regards remplis de consternation se tournaient vers lui. Je me suis dit à ce moment là que Matthieu allait lui faire bouffer sa mèche mais il n’en fut rien. Et Seven a évidemment continué de glousser…

SebCbien75020: Arrivé le premier jour en survêt complet de l’OM, je n’ai pas souvenir de l’avoir vu sourire, du moins en ma présence. Elément à mettre en corrélation avec le fait qu’il ait demandé à kasskara et moi-même de dégager la seule fois où on s’est approché à moins d’un mètre. Rapidement surnommé SebCpabien.

inho: Encore un que j’ai oublié. Sorry.

Paplas: Cool.

Kasskara : I miss him. Probablement G.O. au ClubMed dans une vie antérieure. Le genre de gars comme j’aime qui prend de la place dans une soirée. Définitivement associé à une sombre histoire mêlant épilation et pensionnat de Chavagnes.

oYo : Sympa. Voir son trip report sur le CP.

SuperCaddy : les premiers échos feraient référence à un con arrogant et manipulateur.



Edit: et merde, j'ai oublié xewod...

mardi 20 octobre 2009

Le jour où je suis devenu un Salopard.

Les 5 salopards sont bien plus qu'une team random créée pour une série de donkament sur W. Ils sont les super héros du zoo du CP.

Ils auraient pu s'appeler les 5 Sarcastiques, en hommage aux 4 fantastiques, Deaven dans le rôle de la femme invisible, Tamerlan, la torche humaine, JBS, l'homme élastique, Star Sky la chose mais il manquait un rôle pour SuperCaddy, le Clark Kent de la bande.*

J'ai suivi toutes leurs aventures sur le CP, tout en rêvant qu'un jour moi aussi, je serai un Salopard, comme un enfant rêve de devenir Wolverine en lisant un Strange.

Puis Deaven a disparu (des rumeurs disent qu'il n'a jamais existé) et les 5 Salopards ont lancé le concours, à la recherche du nouveau salopard . Je n'ai même pas eu besoin de postuler, une vanne dans le thread avait fait de moi un postulant. Puis Nori ayant décliné l'offre, mon rêve est devenu réalité. Remplacer Deaven, n'allait pas être compliqué, faire la même chose que lui, être invisible, ne rien écrire était à ma portée.

Mais selon SuperCaddy, Deaven est réapparu, les salopards n'avaient plus besoin d'un homme invisible, il me fallait trouver alors un nouveau rôle, me faire ma place.

Allais-je être Peter Paker?, non, JBS est le photographe . Le surfeur d'argent?, moi qui ne m'habille qu'en Quiksilver, non, JBS est aussi le surfeur. Thor?, non, Tamerlan est le scandinave. Un des chevaliers du zodiaque?, non Star Sky porte mieux que moi les spartiates . Charles Xavier?, non, Supercaddy se déplace mieux que moi en charriot. Zorro?, non, la plume de Tamerlan est bien plus rapide, précise et fait mouche à chaque fois. Hancock?, non, SuperCaddy à une bien meilleure tête bourrée.

Et puis la lumière fut, je serai un Salopard.

* vous pouvez deviner le pourquoi de chaque rôle, dans l'espace commentaire, même si c'est obvious.


Oliroy.

lundi 12 octobre 2009

Mauvais rêve


Le statut de Salopard apporte de nombreux privilèges.
Les anciennes conquêtes de Tilou, dont une forte odeur de rance* n'arrive pas à se départir malgré des passages répétés dans le marmitou à foutre, se ruent sur vous tel Cuts sur les compagnes de ses anciens coéquipiers. Vous êtes gracieusement invités par le meilleur joueur de poker turc, ou arménien ma mémoire me joue des tours mais après tout ce n'est qu'un détail de l'histoire, à Marrakech ou à Vichy. Vous sortez en boîte avec Guy Forget et vous pouvez écrire un article des plus médiocres sans vous faire méchamment basher par les randoms rageux habituels car a) ce sont vos amis b) les badauds préfèrent s'abstenir de commentaire plutôt que de subir le même sort que Shyla Stylez dans "Lex : Black et Hypermembré". ( Thèse empiriquement démontrée par JBS à l'occasion de son dernier article ).

Mais comme dans toute société secrète les privilèges sont assortis de devoirs : Être désagréable, faire des blagues de mauvais goût sur les handicapés, les arabes, les juifs et les noirs, bref être réceptif au règne animal. Pour certains la tâche n'est guère difficile et la vie de Salopard ressemblait jusqu'à la création de ce blog à une simple officialisation, l'adossement d'une "marque", à notre naturel. Désormais en tant que Salopard, nous avons le devoir d'écrire des articles et pour définitivement tourner la page de la précédente enquête sociologique de JBS, il était nécessaire que nous nous hâtions. Les lecteurs les plus fidèles auront vite remarquer que ce n'était logiquement pas à mon tour de me coltiner ce pénible labeur mais puisque Deaven est salopard parce qu'il nous manquait un random geek pour disputer le King 5, que JBS n'est drôle que lorsqu'il n'écrit pas plus de 20 mots ( bite, chatte, cul et caca compris ), que Star Sky est occupé à perdre du poids alors qu'il n'aurait pour ce faire qu'à laver sa belle chevelure une fois par an, qu'Oliroy n'a été recruté que parce que Nori nous a snobés et que SuperCaddy occupe ses journées à pondre des pavés insipides; je me retrouve puni, contraint d'abandonner le zoo du Clubpoker pendant quelques minutes.

C'est quand même fabuleux d'écrire pour ne rien dire. Je n'avais pas grand chose à raconter, pas d'histoire fabuleuse, pas de scoop tonitruant, pas de poker théorique non plus puisque le sujet, par choix et (in)capacité unanimes, ne fait pas partie de notre ligne éditoriale; et il m'a juste phalus voir JBS se connecter pour me motiver à envoyer, au plus vite, son dernier billet dans les profondeurs de notre blog. Peut être pour nous convaincre que sa lecture n'avait pu être que le fruit, d'un mauvais rêve.

Alors oui, je suis un escroc puisque cet article n'en est pas vraiment un, mais après tout ça aussi, c'est un droit de Salopard.


* rance : En parlant d'un corps gras, qui a pris une odeur forte et une saveur désagréable...

mercredi 7 octobre 2009

Marrakech Chronicles (2): There are places I remember

Fin du séjour. Aéroport de Marseille. 1h du matin. Choan est le dernier à m’avoir quitté il y a quelques minutes. Mon avion pour Lille décolle dans près de 5 heures. Me voilà prêt pour une nuit sans sommeil.

Je commence par faire un petit tour du propriétaire, ma valise derrière moi. Le terminal est désespérément vide. Tout au plus 3 autres personnes ont à vue de nez prévu de passer quelques heures ici : une bodybuildeuse, un junkie qui ouvre et referme sa valise en permanence (tout en faisant des pompes de temps en temps), et enfin un tchèque qui s’installera à côté de moi et passera toute la nuit à tuer des moustiques en claquant des mains à 20 centimètres de mes oreilles, allant même jusqu’à me conseiller d’en faire de même. Il faut définitivement être taré pour passer la nuit dans un aéroport…

Tous les guichets et boutiques sont évidemment fermés. En revanche la température est clémente. Marseille est une bonne transition entre Marrakech et Lille. Je fouille dans mes poches pour voir combien de monnaie il me reste. Mes billets ne me seront pas d’une grande utilité à cette heure (very thin brag). 2 euros 50, le montant idéal pour m’offrir un demi-litre de Coca au distributeur. De quoi tenir un moment avec les boîtes d’Oreos achetées un peu plus tôt. Me voilà bien installé dans le fond d’un siège avec cet encas nocturne, un bouquin et un lecteur mp3 que j’ai oublié de recharger. Me voilà condamné à écouter une seule chanson avant qu’il s’éteigne. Va pour les Beatles et In my Life, une chanson nostalgique qui pour les 2 minutes 27 à venir me parlera des rencontres faites à Marrakech.

Je me revois il y a une semaine dans ce même aéroport. Seul déjà. 15h environ. Choan et Deedeepha doivent arriver une heure plus tard. En attendant je finis un bouquin et lève les yeux de temps en temps. Une vieille dame me demande de garder ses bagages. Tiens, une jolie fille. Ah merde son mec me regarde. Mais il vient vers moi en plus. Qu’est-ce qu’il me veut ? Je l’ai à peine regardée une demi-seconde. Encore un macho jaloux…Et costaud en plus. Non, aucun doute possible, c’est bien à moi qu’il s’adresse : « SuperCaddy c’est ça ? Enchanté moi c’est Mehdi alias Deedeepha. Je te présente Hélène, ma compagne ».

Des mots plutôt rassurants. On discute un peu, on se présente, on parle poker, on se moque des sourcils de Choan. Il devrait bientôt arriver justement. En attendant je m’engouffre dans la longue file d’attente qui mène à l’enregistrement des bagages. Une fois cette formalité terminée, je me retourne pour constater que Choan attend un peu plus loin dans la file. Difficile de ne pas le reconnaître à sa pilosité faciale et sa chemise de bûcheron. Quelques longues secondes durant lesquelles on se regarde tous les deux. Je me dis qu’il m’a aussi reconnu mais il finit par baisser la tête. Je me rends compte qu’il cherchait sans doute juste un mec pour passer un bon moment dans les toilettes de l’aéroport.



Quoiqu’il en soit il est accompagné par une dame jusqu’à l’enregistrement des bagages. Celle-ci n’a justement pas de valise. Peu probable donc qu’elle se joigne à notre Marseillais dans l’avion. Quand on ajoute les tendances homosexuelles frappantes de ce dernier, on devine qu’il ne peut s’agir que de sa mère. En effet le petit Choan a très peur de l’avion et n’est pas très rassuré face aux formalités d’embarquement. Sa maman est donc là pour le soutenir et lui tenir la main jusqu’au dernier moment.

Finalement nous nous retrouvons tous avant de monter dans l’avion, non sans que Choan nous pose une volée de questions sur l’administration aéroportuaire ou la sécurité du vol. Les sièges sont par rangée de 3. Deedeepha et sa compagne s’assoient donc devant nous et j’hérite du petit Marseillais pour me tenir compagnie. Il se révélera finalement très divertissant et rendra le trajet beaucoup moins pénible qu’il aurait pu l’être :

- Au décollage, visage livide, débit rapide : « Euh…c’est normal ça. Ah non ça c’est pas normal. Et là, et là ? Aie aie aie aie aie ».

- Première (très légère) zone de turbulences : « Euh…c’est normal ça. Ah non ça c’est pas normal. Et là, et là ? Aie aie aie aie aie ».

- Il se rend compte que ses voisins de droite lisent CardPlayer. Il en déduit avec beaucoup de finesse d’esprit qu’il s’agit de joueurs de poker et entreprend de discuter un peu avec eux (encore une occasion d’emballer du beau gosse se dit-il sans doute). Compte tenu du très fort accent marseillais des deux autres, je ne comprends pas grand-chose mais de toute façon la discussion se termine très vite sur cette séquence imparable :
Pagnol : « Oh mais dis moi ma parole, c’est que tu es marseillais ? »
Choan : « Oui oui je suis marseillais moi »
Pagnol : « Mais alors tu connais Maurice Raguenou ? »
Choan : « Euh…non. »
Pagnol : « MAIS ALORS TU N’ES PAS MARSEILLAIS MA PAROLE, OH PEUCHERE !!! ».
Assez désemparé, Choan bredouillera vainement pendant quelques minutes des allusions à un carré de 2 et à la fierté d’être niçois.

- Seconde (très légère) zone de turbulences : « Noooooooooooooooon !!! Pooooourquooooooi !!! »

- A l’occasion du remplissage de formulaires destinés à la douane, je me rends compte qu’il a également pour qualité d’être analphabète. Il renseigne le champ destiné à son numéro de passeport avec la même suite de chiffres que le champ réservé à son numéro de téléphone. Plus inquiétant, il utilise la même suite de chiffres pour renseigner sa profession.

- A l’atterrissage, je le sens se crisper progressivement à mesure que le pilote amorce la descente. En réalité, je crois même que l’ensemble des passagers sent Choan se crisper. Ses gloussements plaintifs sont de plus en plus stridents et rapprochés. Alors que le train d’atterrissage est maintenant à une petite dizaine de mètres du sol, il baisse la tête et m’agrippe violemment la cuisse. J’esquisse un sourire et réfrène une érection naissante en songeant à un blowjob improvisé. Malgré des petites caresses évidentes entre deux gloussements, je prends vite conscience que les choses en resteront là pour l’instant. Les 5 ou 6 passagers qui se sont retournés pour mieux apprécier la scène se disent probablement la même chose alors que l’avion atterrit.

Ci-dessous quelques instantanés illustrant la gay attitude de Choan et certains de ses amis plus tard durant le séjour:



Bref. Une fois sur place nous retrouvons Paplas puis Jarkeld et son mètre 45 sur talon aiguille. Surprise assez désagréable en sortant de l’aéroport : un orage dantesque alors que la nuit est déjà tombée. Les rêves de piscine de Choan s’envolent. Le temps de monter dans une navette et dans 15 minutes nous retrouverons les autres dans le hall de l’hôtel. On charge rapidement les bagages alors que la pluie redouble et on s’engouffre dans la Renault Espace où un jeune homme blond se trouve déjà. La voiture démarre et sur le trajet on parle du Club Poker, de Roger, de ce qu’on attend de Marrakech et de l’ambiance à l’hôtel. Au bout d’une petite dizaine de minutes, le jeune homme qui était déjà dans la navette profite d’un court silence pour prendre la parole :
- « Excusez-moi. Vous parlez de poker depuis tout à l’heure. Vous faîtes peut-être partie de la bande du Club Poker invitée par M. Hairabedian ? »
- « Oui c’est ça. Tout à fait. »
- « Ah, bien d’accord »
Après 30 secondes de silence suite à cet échange étrange, l’un d’entre nous lui demande comment il est au courant. Il nous répondra impassible qu’il fait lui-même partie de la bande et que son pseudo est Jeeby. Le flegme belge sans doute…

Pire, Jeeby nous apprend dans la foulée que Rirou est également dans la voiture. On se retourne tous les uns vers les autres, on regarde un peu partout. Aucune trace de personne pourtant. Juste la petite bande, le chauffeur et le valet qui l’accompagne sur le siège avant passager. Jusqu’à ce que ce dernier se retourne et nous sourit : le valet, c’est Rirou.

5 minutes plus tard nous arrivons à l’hôtel. Un comité d’accueil d’une vingtaine de personnes nous attend dans le hall. Xewod est le premier à venir nous serrer la pince. Chacun se présente rapidement. On échange nos pseudos, puis nos prénoms. Quelques-uns pensent toujours que je suis Seven et me soumettent à un petit interrogatoire. Bref l’ambiance est très sympa. 15 minutes plus tard néanmoins, toujours dans le hall, je constate que deux groupes d’une douzaine de personnes se sont presque imperceptiblement formés : d’un côté les degens, de l’autre les sains d’esprit. Dès les heures qui suivront, ce clivage prendra une forme nouvelle : celui de la chambre 104 et de la chambre 205…


Prochain article à base de substances corporelles en tous genres : « La chambre 104 et la chambre 205 ».

vendredi 2 octobre 2009

Marrakech Chronicles (1): Crédit berbère et prix démocratique

3ème jour du séjour. Les deux soirées précédentes ont été alcoolisées, comiques, violentes, épiques…

Après un réveil tardif et un petit déjeuner pépère à proximité de la piscine, une petite excursion en ville s’organise avec StarSky, AnthoBB et kasskara. Tout le monde ignore encore que quelques heures plus tard, celui-ci deviendra pour toujours kasskafish.

Le trip débute de manière extrêmement balla puisque nous décidons, au prix de quelques dizaines de dirhams supplémentaires, de faire le trajet hôtel / centre-ville en calèche au lieu du taxi. Quel bonheur de voyager sous les effluves mêlées des gaz d’échappement et des crottins accrochés à la queue des chevaux. Sans parler de la sérénité liée au fait d’être assis dans un vieux truc en bois des années 70 au milieu de dizaines de voitures respectant autant le code de la route que Big Blindé les 3-bets oop.



Quoiqu’il en soit, nous arrivons sans encombre et nous nous lançons confiants dans l’une des allées principales de la ville. Il faut savoir que quand on parle d’ « une des allées principales de la ville », cela correspond à peu près à la moitié de la largeur d’une rue en France. Les voitures ne s’y engouffrent donc pas et seules les mobylettes y slaloment à vive allure entre les passants. L’occasion pour AnthoBB de faire appel au bullet time à plusieurs reprises pour esquiver les apprentis Valentino Rossi…

En dehors de ce manque de sécurité, la promenade se passe bien : on s’arrête un instant devant un superbe tee-shirt de SpedrMan, le SpiderMan du bled ; on songe un instant à s’arrêter manger chez Birnard Loiseau ; on constate que le poisson présenté sur les étalages doit être d’une qualité exceptionnelle pour qu’autant de mouches s’affairent à le gouter…etc. Bref, tout se passe pour le mieux jusqu’à ce qu’un nouvel individu fasse son apparition. Ne connaissant pas son nom, je vais le nommer Momohammed pour la suite du récit.

Quand on se promène dans les rues de Marrakech, on se fait à peu près arrêter tous les 20 mètres par un commerçant ou l’un de ses rabatteurs : c’est inévitable. Avec Momohammed, tout prend une autre dimension. Agé à vue de nez d’une petite cinquantaine d’années, le bougre ne quitte jamais son vélo (à côté duquel il marche). Pourquoi se promener avec son vélo ? Sans doute pour que ces fishs de touristes ne puissent jamais s’enfuir…

La première fois qu’on l’a croisé, il nous a simplement indiqué qu’il connaissait une superbe boutique qu’on aimerait surement beaucoup. Rien d’exceptionnel à ce stade et nous avons tranquillement continué notre chemin. 10 minutes plus tard, en me retournant pour éviter une mobylette enfourchée par deux grosses mamas, je me rends compte qu’il est juste derrière nous et nous a vraisemblablement suivis depuis tout à l’heure. On s’arrête donc, il s’arrête également. On redémarre, il redémarre. Le doute n’est plus permis : nous sommes suivis, traqués, épiés sans vergogne. Peut-être est-il juste intéressé par les dizaines de grammes de coke avec lesquels AnthoBB se balade. Peut-être a-t-il identifié en kasskara un fish potentiel. Eh bien non, il persiste à nous vanter les mérites de cette fameuse boutique et rappelle la route qui y mène : à droite, puis à gauche, puis à droite, encore à droite, tout droit, à gauche, à droite, tout droit, à gauche, à gauche…et ainsi de suite sans que l’on entende jamais la fin.

De longues minutes vont continuer de s’écouler et chacun de nos pas sera suivi de ceux de Momohammed, son vélo à la main. AnthoBB cherchera bien à le dissuader de nous suivre. Sans succès. Kasskara et moi-même nous cacherons derrière une fourgonnette. Nouvel échec. Il constate bien que nous cherchons à le semer, nous cachons, l’invectivons…Il n’en a cure, le bougre est coriace.

C’est alors que va intervenir l’arme ultime, la solution sans faille, le dernier recours : kasskara. C’est le plus grand d’entre nous et il en a un peu marre de nous voir galérer. Résultat : « Bon, arrêtez vos conneries les gars, j’en ai ras le cul. Laissez-moi faire, vous allez voir comment ça se passe ». Et le voilà qui s’arme d’une pièce de 2 euros et se dirige avec assurance vers Momohammed, lequel se trouve à ce moment précis de l’autre côté de la rue (en mode furtif pense-t-il).

La négociation va durer plusieurs minutes. Durant tout ce temps, StarSky, AnthoBB et moi nous tenons relativement à distance pour assister à la scène. Le discours de kasskara semble suffisamment musclé pour que Momohammed comprenne. Au final pourtant, nous reprenons la route derrière kasskara et son nouvel ami. Aucune explication de la part de kasskara qui manifestement a mené de main de maître la négociation :
- il perd 2 euros
- on suit Momohammed jusqu’à sa boutique
- il gagne un nouvel ami puisque sur le trajet (qui durera presque 30 minutes) les deux compères ne se quitteront plus et marcheront une dizaine de mètres devant nous.

Concernant le trajet justement, Momohammed ne nous avait pas menti : à droite, puis à gauche, puis à droite, encore à droite, tout droit, à gauche, à droite, tout droit, à gauche, à gauche…et ainsi de suite durant presque 30 minutes. Un vrai labyrinthe fait de toutes petites rues étroites qui zigzaguent sans fin. A l’approche d’un passage particulièrement sombre et inquiétant, l’hypothèse d’un guet-apens nous traverse l’esprit. Nous laisserons même kasskara partir seul quelques instants avant de nous assurer qu’il ne pousse aucun cri et de pouvoir reprendre la route.

Sur le chemin, kasskara nous explique que Momohammed lui a garanti qu’il pourrait trouver le narguilé qu’il recherche depuis ce matin. Nous arrivons enfin devant une espèce de grand terrain vague où quelques ouvriers s’affairent autour de grands puits. L’endroit est d’une puanteur sans nom et Mohammed nous présente à un guide qui va nous faire la visite de cette espèce d’usine à ciel ouvert. Grand moment d’incompréhension puisqu’on a rien demandé de tel. Le guide en question nous tend quelques feuilles de menthe en nous expliquant qu’il s’agit du masque à gaz berbère. Compte tenu de l’odeur épouvantable qui se dégage de l’endroit, on se marre deux secondes sur cette histoire de masque à gaz mais on présente vite les feuilles de menthe devant nos narines pour éviter un drame olfactif. Le guide nous explique en quelques minutes le processus de fabrication et nous suggère vivement d’aller faire des photos. Etant donné le spectacle tout moche qui se trouve devant nos yeux, on refuse poliment et kasskara retrouve un instant de lucidité pour expliquer qu’il veut voir la boutique. Aussitôt demandé aussitôt fait, celle-ci se trouve à quelques mètres de là, dans le quartier le plus paumé de toute la ville.

Alors que l’on entre tout en continuant de se foutre discrètement de la gueule de kasskara, deux choses frappent aux yeux :
- impossible de trouver un narguilé dans cette boutique composée de 2 petites pièces, l’une consacrée aux sacs et l’autre aux poufs et aux tapis.
- dans la première pièce se trouve un couple de touristes occidentaux. Ils sont agenouillés sur un tapis et font face à un vendeur lui-même agenouillé. Entre eux est disposé un service à thé. A leur regard on devine aisément qu’ils se sont mis dans cette situation comme des fishs. Si leurs yeux pouvaient parler, nul doute qu’ils nous diraient : « Fuyez pendant qu’il en est encore temps ! Pour nous il est trop tard, mais vous avez encore une chance ! ».

Malheureusement kasskara et AnthoBB ont déjà fait quelques pas de trop et le propriétaire du magasin nous installe dans la petite pièce où se trouvent les tapis et les poufs (je parle de vrais poufs, pas de StarSky). Bien entendu personne ne se permet de lui rappeler que c’est un narguilé que nous cherchons. Nous voilà assis tous les 4 dans un canapé, prêts à tout apprendre des processus de fabrication et de l’artisanat local. Evidemment il nous est impossible de discuter entre nous de la situation imprévue dans laquelle nous nous sommes fourrés. A partir de maintenant, tous nos échanges se feront à base de regards en coin et de fous rires masqués. Seule une chose viendra un peu améliorer le tableau : un succulent thé qui nous est offert et présenté comme étant « à 0% d’alcool whisky ». StarSky nous gratifiera alors de sa meilleure vanne du séjour en remerciant notre hôte pour son excellent thé au GHB.

Le patron appelle son assistant, lequel déploie un premier tapis au sol, puis un autre, et encore deux. Kasskara se lève et fait manifestement mine de s’y intéresser. Il les touche un par un, le regard sérieux. Je jète un œil sur ma droite à AnthoBB qui ne peut réprimer un gloussement. J’en laisse échapper un à mon tour et me dis qu’on ne pourra jamais tenir. Le patron me jette un regard circonspect mais je ne peux m’enlever le gros sourire niais que j’ai sur le visage. Kasskara continue quant à lui son grand numéro de spécialiste des tapis en tous genres.

Sur de son read, le gérant de la boutique raise en dévoilant maintenant ses plus beaux poufs. Cuir de chameau, de bébé chameau, de chèvre…ocre, noir, multicolore…On nous demande lesquels nous intéresse. StarSky et moi-même confions que nous sommes simplement venus accompagner nos deux compères, qui eux en revanche sont très intéressés pour en offrir à leur maman. Ils ne peuvent qu’acquiescer et choisissent donc chacun un des rares modèles de bon goût, c’est-à-dire noir.

Une éternité s’est déjà écoulée quand vient le moment de l’annonce du prix. AnthoBB me souffle ne pas vouloir mettre plus de 40 euros pour son pouf. Cruelle désillusion quand le vendeur se munit d’un petit papier et d’un crayon, écrit une proposition de prix et la tend à kasskara : 6 800 dirhams, soit plus de 600 euros. L’embarras est palpable et notre ami s’attelle rapidement à un nouveau rôle de composition : celui du petit étudiant fauché qui est venu au Maroc uniquement parce qu’il était invité. Il propose donc de n’acheter finalement qu’un pouf, et non plus 3 tapis et 2 poufs comme le patron de la boutique l’avait manifestement compris. Ce dernier a cependant du répondant et sort l’un de ses meilleurs atouts : le « prix démocratique ». Le concept peut paraître alléchant, il n’est en réalité qu’une entourloupe visant à négocier le prix en écrivant chacun son tour une proposition sur un petit bout de papier. A ce petit jeu, le vendeur propose toujours le prix maximum qu’il espère tirer. En revanche il demande à l’acheteur d’arrêter le prix maximum qu’il est prêt à consentir. La manœuvre n’est donc que rarement dans l’intérêt de l’acheteur. Kasskara, qui n’est pas né de la dernière pluie, ne s’en laisse donc pas compter.

Vient alors l’arme fatale du vendeur local : le « crédit berbère ». Impassible, celui-ci nous explique : « Tu connais le crédit berbère ? Je te le fais si tu veux. Facile : tu paies la moitié maintenant et la moitié à la sortie du magasin ».


La négociation durera encore de longues minutes et se conclura finalement par l’achat d’un pouf pour kasskara et d’un autre pour AnthoBB. Ce dernier se révélera d’ailleurs particulièrement efficace puisqu’il obtiendra en quelques minutes, en menaçant de partir sur le champ, une baisse de 160 à 50 euros. De quoi d’ailleurs soulever des doutes chez kasskara quant à la réussite de sa propre négociation. La légende de kasskafish était née…

 
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