mercredi 7 octobre 2009

Marrakech Chronicles (2): There are places I remember

Fin du séjour. Aéroport de Marseille. 1h du matin. Choan est le dernier à m’avoir quitté il y a quelques minutes. Mon avion pour Lille décolle dans près de 5 heures. Me voilà prêt pour une nuit sans sommeil.

Je commence par faire un petit tour du propriétaire, ma valise derrière moi. Le terminal est désespérément vide. Tout au plus 3 autres personnes ont à vue de nez prévu de passer quelques heures ici : une bodybuildeuse, un junkie qui ouvre et referme sa valise en permanence (tout en faisant des pompes de temps en temps), et enfin un tchèque qui s’installera à côté de moi et passera toute la nuit à tuer des moustiques en claquant des mains à 20 centimètres de mes oreilles, allant même jusqu’à me conseiller d’en faire de même. Il faut définitivement être taré pour passer la nuit dans un aéroport…

Tous les guichets et boutiques sont évidemment fermés. En revanche la température est clémente. Marseille est une bonne transition entre Marrakech et Lille. Je fouille dans mes poches pour voir combien de monnaie il me reste. Mes billets ne me seront pas d’une grande utilité à cette heure (very thin brag). 2 euros 50, le montant idéal pour m’offrir un demi-litre de Coca au distributeur. De quoi tenir un moment avec les boîtes d’Oreos achetées un peu plus tôt. Me voilà bien installé dans le fond d’un siège avec cet encas nocturne, un bouquin et un lecteur mp3 que j’ai oublié de recharger. Me voilà condamné à écouter une seule chanson avant qu’il s’éteigne. Va pour les Beatles et In my Life, une chanson nostalgique qui pour les 2 minutes 27 à venir me parlera des rencontres faites à Marrakech.

Je me revois il y a une semaine dans ce même aéroport. Seul déjà. 15h environ. Choan et Deedeepha doivent arriver une heure plus tard. En attendant je finis un bouquin et lève les yeux de temps en temps. Une vieille dame me demande de garder ses bagages. Tiens, une jolie fille. Ah merde son mec me regarde. Mais il vient vers moi en plus. Qu’est-ce qu’il me veut ? Je l’ai à peine regardée une demi-seconde. Encore un macho jaloux…Et costaud en plus. Non, aucun doute possible, c’est bien à moi qu’il s’adresse : « SuperCaddy c’est ça ? Enchanté moi c’est Mehdi alias Deedeepha. Je te présente Hélène, ma compagne ».

Des mots plutôt rassurants. On discute un peu, on se présente, on parle poker, on se moque des sourcils de Choan. Il devrait bientôt arriver justement. En attendant je m’engouffre dans la longue file d’attente qui mène à l’enregistrement des bagages. Une fois cette formalité terminée, je me retourne pour constater que Choan attend un peu plus loin dans la file. Difficile de ne pas le reconnaître à sa pilosité faciale et sa chemise de bûcheron. Quelques longues secondes durant lesquelles on se regarde tous les deux. Je me dis qu’il m’a aussi reconnu mais il finit par baisser la tête. Je me rends compte qu’il cherchait sans doute juste un mec pour passer un bon moment dans les toilettes de l’aéroport.



Quoiqu’il en soit il est accompagné par une dame jusqu’à l’enregistrement des bagages. Celle-ci n’a justement pas de valise. Peu probable donc qu’elle se joigne à notre Marseillais dans l’avion. Quand on ajoute les tendances homosexuelles frappantes de ce dernier, on devine qu’il ne peut s’agir que de sa mère. En effet le petit Choan a très peur de l’avion et n’est pas très rassuré face aux formalités d’embarquement. Sa maman est donc là pour le soutenir et lui tenir la main jusqu’au dernier moment.

Finalement nous nous retrouvons tous avant de monter dans l’avion, non sans que Choan nous pose une volée de questions sur l’administration aéroportuaire ou la sécurité du vol. Les sièges sont par rangée de 3. Deedeepha et sa compagne s’assoient donc devant nous et j’hérite du petit Marseillais pour me tenir compagnie. Il se révélera finalement très divertissant et rendra le trajet beaucoup moins pénible qu’il aurait pu l’être :

- Au décollage, visage livide, débit rapide : « Euh…c’est normal ça. Ah non ça c’est pas normal. Et là, et là ? Aie aie aie aie aie ».

- Première (très légère) zone de turbulences : « Euh…c’est normal ça. Ah non ça c’est pas normal. Et là, et là ? Aie aie aie aie aie ».

- Il se rend compte que ses voisins de droite lisent CardPlayer. Il en déduit avec beaucoup de finesse d’esprit qu’il s’agit de joueurs de poker et entreprend de discuter un peu avec eux (encore une occasion d’emballer du beau gosse se dit-il sans doute). Compte tenu du très fort accent marseillais des deux autres, je ne comprends pas grand-chose mais de toute façon la discussion se termine très vite sur cette séquence imparable :
Pagnol : « Oh mais dis moi ma parole, c’est que tu es marseillais ? »
Choan : « Oui oui je suis marseillais moi »
Pagnol : « Mais alors tu connais Maurice Raguenou ? »
Choan : « Euh…non. »
Pagnol : « MAIS ALORS TU N’ES PAS MARSEILLAIS MA PAROLE, OH PEUCHERE !!! ».
Assez désemparé, Choan bredouillera vainement pendant quelques minutes des allusions à un carré de 2 et à la fierté d’être niçois.

- Seconde (très légère) zone de turbulences : « Noooooooooooooooon !!! Pooooourquooooooi !!! »

- A l’occasion du remplissage de formulaires destinés à la douane, je me rends compte qu’il a également pour qualité d’être analphabète. Il renseigne le champ destiné à son numéro de passeport avec la même suite de chiffres que le champ réservé à son numéro de téléphone. Plus inquiétant, il utilise la même suite de chiffres pour renseigner sa profession.

- A l’atterrissage, je le sens se crisper progressivement à mesure que le pilote amorce la descente. En réalité, je crois même que l’ensemble des passagers sent Choan se crisper. Ses gloussements plaintifs sont de plus en plus stridents et rapprochés. Alors que le train d’atterrissage est maintenant à une petite dizaine de mètres du sol, il baisse la tête et m’agrippe violemment la cuisse. J’esquisse un sourire et réfrène une érection naissante en songeant à un blowjob improvisé. Malgré des petites caresses évidentes entre deux gloussements, je prends vite conscience que les choses en resteront là pour l’instant. Les 5 ou 6 passagers qui se sont retournés pour mieux apprécier la scène se disent probablement la même chose alors que l’avion atterrit.

Ci-dessous quelques instantanés illustrant la gay attitude de Choan et certains de ses amis plus tard durant le séjour:



Bref. Une fois sur place nous retrouvons Paplas puis Jarkeld et son mètre 45 sur talon aiguille. Surprise assez désagréable en sortant de l’aéroport : un orage dantesque alors que la nuit est déjà tombée. Les rêves de piscine de Choan s’envolent. Le temps de monter dans une navette et dans 15 minutes nous retrouverons les autres dans le hall de l’hôtel. On charge rapidement les bagages alors que la pluie redouble et on s’engouffre dans la Renault Espace où un jeune homme blond se trouve déjà. La voiture démarre et sur le trajet on parle du Club Poker, de Roger, de ce qu’on attend de Marrakech et de l’ambiance à l’hôtel. Au bout d’une petite dizaine de minutes, le jeune homme qui était déjà dans la navette profite d’un court silence pour prendre la parole :
- « Excusez-moi. Vous parlez de poker depuis tout à l’heure. Vous faîtes peut-être partie de la bande du Club Poker invitée par M. Hairabedian ? »
- « Oui c’est ça. Tout à fait. »
- « Ah, bien d’accord »
Après 30 secondes de silence suite à cet échange étrange, l’un d’entre nous lui demande comment il est au courant. Il nous répondra impassible qu’il fait lui-même partie de la bande et que son pseudo est Jeeby. Le flegme belge sans doute…

Pire, Jeeby nous apprend dans la foulée que Rirou est également dans la voiture. On se retourne tous les uns vers les autres, on regarde un peu partout. Aucune trace de personne pourtant. Juste la petite bande, le chauffeur et le valet qui l’accompagne sur le siège avant passager. Jusqu’à ce que ce dernier se retourne et nous sourit : le valet, c’est Rirou.

5 minutes plus tard nous arrivons à l’hôtel. Un comité d’accueil d’une vingtaine de personnes nous attend dans le hall. Xewod est le premier à venir nous serrer la pince. Chacun se présente rapidement. On échange nos pseudos, puis nos prénoms. Quelques-uns pensent toujours que je suis Seven et me soumettent à un petit interrogatoire. Bref l’ambiance est très sympa. 15 minutes plus tard néanmoins, toujours dans le hall, je constate que deux groupes d’une douzaine de personnes se sont presque imperceptiblement formés : d’un côté les degens, de l’autre les sains d’esprit. Dès les heures qui suivront, ce clivage prendra une forme nouvelle : celui de la chambre 104 et de la chambre 205…


Prochain article à base de substances corporelles en tous genres : « La chambre 104 et la chambre 205 ».

15 commentaires:

  1. Très très bon.

    J'ai ri comme un connard et ma grosse me regarde d'un air mauvais.

    RépondreSupprimer
  2. t'écris bien pour un juriste.

    ship it, j'avoue j'ai ris.

    RépondreSupprimer
  3. Tu as tout d'un grand

    RépondreSupprimer
  4. T'es bon bordel

    j'ai envie de te sucer

    RépondreSupprimer
  5. putain choan prend cher!

    RépondreSupprimer
  6. ROFL
    Très bon Caddy

    Xael2

    RépondreSupprimer
  7. Très très bon... vivement la suite

    RépondreSupprimer
  8. Ecris un bouquin putain, qu'est ce que t'attends ?

    RépondreSupprimer
  9. ON s'y croirait en te lisant !!! VGG!!
    Vivement la suite ! ;o)

    RépondreSupprimer
  10. C'est clair un bouquin et vite. Arrête de les lire, écris les !!

    RépondreSupprimer

 
over-blog.com